Dans la cuisine d'Astérix
Contrairement aux Romains, les Gaulois n'aimaient pas écrire. Ou alors, ils écrivaient sur des supports trop périssables pour traverser les siècles. En tout état de cause, on possède très peu d'écrits gaulois et notamment, aucun traité de cuisine. Que mangeaient donc nos ancêtres les Gaulois ?
À Bibracte, des archéologues se sont penchés sur la question. Ils ont étudié les traces de nourriture incrustés dans les fragments de poterie, ils ont reconstitué les outils, ustensiles et modes de cuisson disponibles à l'époque, ils ont recensé la faune végétale et animale qui vivait dans le coin il y a deux mille ans, ils ont cherché dans les écrits romains des allusions aux habitudes gauloises ; et un chef cuistot a tenté d'imaginer les recettes que l'on pouvait faire avec tout ça. Résultat : un bouquin et un restaurant.
De passage dans le coin, le copain et moi sommes donc allés manger gaulois ! Ambiance rustique : vaisselle en poterie, tables en bois au ras du sol, des coussins pour s'assoir et pour seuls couverts, une cuillère en bois et un couteau en fer forgé, sans manche.
En entrée, purée de lentilles, champignons, saumon, pissenlits et pain d'épeautre. En plat de résistance, une sorte de couscous à base de semoule d'orge, de fèves, de navets, de céleri, de mouton et de poulet (théoriquement assaisonné de cumin, mais la serveuse avait oublié…). En dessert, une soupe de myrtille et des galettes à la farine de noisette. Pour arroser le tout, une bonne cervoise, mais nous nous sommes abstenus, ayant quelques centaines de kilomètres à faire ensuite.
L'expérience est dépaysante et sans nul doute à tenter une fois, mais il faut quand même bien dire que c'est un peu fade. Pas étonnant, la plupart des épices et herbes aromatiques sont apparues bien plus tard, au Moyen-Âge. Les Éduens devaient se débrouiller avec ce qui poussait dans le Morvan : une sorte de cumin sauvage, de la menthe… Peu de sel et pour seule source de sucre, le miel et les fruits. Ça limite les possibilités d'assaisonnement.
Et malheureusement, l'archéologie est formelle : pas de sanglier. Oubliez donc Astérix, Obélix et leurs ripailles légendaires !