La changement, c'est pas maintenant

Plus que les expulsions elles-mêmes, ce qui m’avait énormément choqué sous les ères Hortefeux, Besson et Guéant, c’est que l’administration française mentait, falsifiait des documents, piégeait des usagers, pour atteindre le quota d’expulsion d'étrangers fixé par le gouvernement. Documents signés à la photocopieuse ou par une personne non habilitée, procédures non respectées puis mensonges devant le tribunal administratif pour nier ces non-respects de procédure, arrestations illégales (par exemple au sein même du service de préfecture où l’usager avait été convoqué : un traquenard déclaré illégal par plusieurs juridictions), droits d’asile refusés en dépit du bon sens, mépris des condamnations de la CEDH… Lisez les blogs d’avocat, les journaux, les témoignages : c’est édifiant.

Que l’administration en vienne à mentir pour piéger ses citoyens est à mon sens la chose la plus terrifiante qui soit. C’est un pas vers l’arbitraire, un pas vers un système où personne ne peut se défendre puisque la législation est appliquée à la tête du client, un système où personne ne peut prouver sa bonne foi puisque l’État lui-même est de mauvaise foi. C’est l’univers de 1984, l’univers des films de Costa-Gavras, c’est un pas vers l’abandon du droit, un pas (timide certes, mais un pas quand même) vers la dictature.

Je suis abonné à diverses mailing-list d’associations humanitaires. Si j’en crois les informations que je reçois par ce biais, rien n’a changé.

Manuel Valls, François Hollande, vous foutez quoi ? Ne venez pas me dire qu’il faut du temps pour signer les décrets ou voter les lois, il n’y a pas besoin de loi ou de décret ici. Il faut juste envoyer une circulaire aux préfets pour leur dire d’arrêter de faire du zèle et de recommencer à respecter la loi française. Ca ne doit pas être bien compliqué, non ?