Kawette !
Après moult péripéties, Kawasaki m’a enfin livré ma nouvelle moto ! C’est un modèle unique : comme l’importateur n’avait plus de stock, le garage m’en a fait une sur mesure en récupérant un carénage je-ne-sais-où et en le montant sur le modèle que je voulais. D’où ce ressort d’amortisseur rouge vif, aussi incongru que magnifique.
Premières impressions.
- Putain, ils se sont trompés, j’ai commandé une moto et ils m’ont livré un vibromasseur ! En même temps je ne suis pas surpris. Sur un bi-cylindre en ligne, les temps moteurs sont décalés de 90°, donc c’est bancal, irrégulier, ça vibre, ça cogne, ça vit. C’est justement ce qui est jouissif.
- Je vois que dalle dans les rétroviseurs. Enfin pour être précis, je vois très bien mes coudes et le logo Furygan qui orne mon blouson. Mais s’il y a une voiture derrière moi ou si une autre moto est sur le point de me doubler, non, ça, rien à faire, je ne vois pas.
- J’adore sentir l’ABS frétiller sous mon pied droit quand je rétrograde un peu violemment. Cette machine est vivante. (Mais un peu conne aussi, elle croit que c’est le frein à pied qui fait bloquer la roue arrière alors que c’est juste le frein moteur.)
- Baptême du feu hier matin. Embouteillages parisiens aux heures de pointe, saute-mouton avec les voitures, slaloms divers et inter-file. Du gâteau. Ça se faufile partout sans effort. Cette machine, c’est un (gros) vélo avec un moteur de Twingo 16 soupapes.
- Interdiction de dépasser 4000 tr/mn pendant les 800 premiers kilomètres. Je ne sais pas si le terme le plus approprié est frustration ou castration. Sachant qu’en dessous de 3000 tr/mn on est en sous-régime, ça laisse une plage moteur utilisable plutôt réduite… Ce rodage va être pénible.
- Oh, une moto sur laquelle une fraction de seconde suffit pour trouver le point mort ! Ça me change de la Yamaha XJ6… C’est fou comme c’est pratique quand on s’arrête au feu rouge.
- D’après les rapports de boite et le régime moteur maximal, on doit pouvoir atteindre 230 km/h. Il est clair que je n’essaierai jamais de vérifier si ce calcul est exact.
- La bulle protège des turbulences aérodynamiques, mais pas des suicides collectifs de moustiques sur le casque. À raison d’un impact tous les deux ou trois kilomètres, je pense qu’un Paris Toulouse suffit à recouvrir uniformément la visière de cadavres.
- Et sinon, mon U antivol, ma lampe de poche, mon chiffon pour essuyer la selle, mes affaires de pluie, je les range où ? Non parce que l’emplacement sous la selle me parait tout juste assez grand pour ranger trois feuilles de papier à cigarette… (L’une à côté de l’autre, les feuilles. Empilées, elles ne passent pas.)
Ne reste plus qu’à lui trouver un nom. Le copain propose de l’appeler Eva, parce qu’elle est verte et jolie… En plus, l’amortisseur rouge n’est pas sans rappeler de fameuses lunettes ! Mais je crois qu’au final, c’est Kawette qui va s’imposer.