Insécurité routière
Il y a près de chez nous un carrefour protégé par des feux de la circulation. Les voitures qui passent sur l’axe principal vont majoritairement tout droit ; mais les voitures qui arrivent sur l’axe perpendiculaire tournent majoritairement sur leur gauche et ont le feu vert en même temps. En conséquence, lorsque c’est à leur tour de passer, elles doivent se croiser au milieu du carrefour.
Avant, il n’y avait aucun marquage au sol et les automobilistes faisaient ce qui était le plus naturel et le plus efficace, à savoir le croisement à l’indonésienne. Ainsi, chacun pouvait tourner sur sa gauche sans gêner celui qui venait en face et qui tournait aussi sur sa gauche. Et puis un jour, un marquage au sol et un plot central ont été installés pour obliger les voitures à se croiser à la française, c’est à dire à se contourner. Résultat, aux heures d’affluences, dès qu’il y a plus de deux voitures de chaque côté qui veulent tourner à gauche, elles se bloquent mutuellement et plus personne ne passe. Là où s’écoulaient avant dix ou quinze véhicules par cycle du feu, n’en passent plus désormais que deux ou trois. Une immense réussite.
Il y a près de chez nous un cédez-le-passage. Il n’y a pas d’intersection. Juste un cédez-le-passage, incongru, au milieu de nulle part, sur une rue parfaitement rectiligne. En fait, à y regarder de plus près, si, il y a bien une intersection. Une toute petite entrée de parking sur la droite. Je dis bien une entrée de parking, pas une sortie (il y a un sens unique). Autrement dit, rien ne peut venir de là. Les seuls véhicules auxquels vous pouvez céder le passage à cet endroit, ce sont ceux qui arrivent en face et qui veulent tourner sur leur gauche en coupant votre voie pour entrer dans le parking.
La moitié des automobilistes passent ce cédez-le-passage sans même ralentir ni prêter attention à quoi que ce soit. Ce n’est pas qu’ils ne respectent pas la signalisation, c’est qu’elle est tellement inattendue et aberrante qu’ils ne la voient même pas. Et un jour, la voiture sur deux qui respecte le panneau croisera la route de la voiture sur deux qui ne le respecte pas.
Il y a près de chez nous un gros carrefour. Comme de nombreuses voies y débouchent et qu’elles ont le feu vert à tour de rôle, le cycle complet du feu est assez long. C’est pénible en heure creuse, où on peut se trouver à attendre cinq minutes au feu rouge alors qu’il n’y a strictement aucun autre véhicule à l’intersection. Pour éviter ces attentes inutiles, quelqu’un a eu la bonne idée de ne faire fonctionner le feu qu’aux heures pleines. Le reste du temps, quand il y a peu de trafic, le feu est éteint et c’est le régime classique de priorité à droite qui s’applique.
Le problème réside dans les transitions, quand les feux s’allument, et surtout quand ils s’éteignent. Considérons le scénario suivant, qui m’est réellement arrivé au début de notre installation dans le quartier. Attention suivez bien ça va très vite.
- 18h59m58s : vous attendez au feu rouge.
- 18h59m59s : le feu passe au vert, vous essorez la poignée et vous engagez sur le carrefour à toute berzingue, convaincu d’avoir la priorité.
- 19h00m00s : c’est l’heure fatidique, le feu s’éteint ; mais vous ne pouvez pas le voir, parce que vous venez de démarrer et qu’il est dans votre dos.
- 19h00m01s : comme le feu est éteint, les automobilistes situés dans la rue à votre droite démarrent à toute berzingue, convaincus d’avoir la priorité.
- 19h00m02s : vous évitez de justesse une violente collision moto contre gros 4x4.
- 20h35m10s : vous retrouvez un rythme cardiaque normal.
Il y a manifestement à la Direction Départementale de l’Équipement du quartier un mec soit très farceur, soit très incompétent. Je propose qu’on l’attrape, qu’on l’écorche vif, qu’on lui tenaille les chairs au fer rouge, qu’on lui verse du plomb fondu dans les oreilles, qu’on l’éviscère, qu’on l’écartèle, qu’on l'équarrisse, et qu’on fasse bouillir les morceaux.