Du militantisme gay

Les propos de Vanneste ont suscité beaucoup de réactions, qui elles-mêmes ont suscité beaucoup de contre-réactions. Dans ces dernières revient souvent le reproche que les militants homos seraient des terroristes intellectuels opposés à la liberté d’expression, puisqu’ils taxeraient d’homophobie tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Les mots ont un sens. La plupart du temps, quand on s’indigne de l’homophobie de quelqu’un, c’est justifié. On peut définir l’homophobie de différentes façons, mais grosso modo, on en revient toujours au même : est homophobe tout propos qui tend à placer l’homosexualité sur un plan inférieur à l’hétérosexualité ; de même qu’est sexiste tout propos qui tend à placer la femme sur un plan inférieur à l’homme, ou qu’est raciste un propos qui tend à placer les étrangers sur un plan inférieur aux Français.

Vous refusez que deux hommes s’embrassent en public parce que vous trouvez ça ostentatoire, alors que ça ne vous pose aucun problème quand il s’agit d’un homme et d’une femme ? Vous placez un même comportement sur deux plans différents selon qu’il provient d’un couple homo ou d’un couple hétéro : c’est homophobe.

Vous trouvez déplacé que votre collègue de travail mette une photo de son mec sur son bureau parce que vous considérez que son homosexualité relève de sa vie privée, alors que ça ne vous pose aucun problème que cet autre voisin de bureau placarde des photos de sa femme ? Vous placez un même comportement sur deux plans différents selon qu’il provient d’un couple homo ou d’un couple hétéro : c’est homophobe.

Vous êtes contre le mariage des couples homos (pour quelque raison que ce soit : vous pouvez toujours chercher, il n’y a aucune bonne raison), alors que ça ne vous pose aucun problème pour les couples hétéros ? Vous placez un même comportement sur deux plans différents selon qu’il provient d’un couple homo ou d’un couple hétéro : c’est homophobe.

Et ainsi de suite, ad libitum.

Je sais pourquoi certains n’acceptent pas cette définition de l’homophobie. C’est parce qu’elle tend à classer comme homophobe soixante-dix pour cent la population (y compris certains homos eux-mêmes) et qu’elle fait apparaître comme homophobes plein d'articles du Code Civil. Ceux-là font l’erreur de croire que le problème est dans la définition du mot, alors qu’il se trouve dans la réalité qu’il décrit.

Oui, soixante-dix pour cent de la population est homophobe. À différents degrés bien sûr, on ne peut pas placer un Vanneste ou une Boutin au même niveau que le quidam qui sans y avoir réfléchi, par simple réflexe conformiste, se déclare opposé au mariage des homosexuels. Mais homophobe quand même.

Soixante-dix pour cent. Qu’on ne me parle pas de lobby gay ou de volonté de prosélytisme. Cette homophobie généralisée, c’est bien la seule et unique cause à l’existence du militantisme gay.