Rappel à la loi

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Un peu plus loin, un article interdit d’apposer un signe ou un symbole religieux sur les édifices publics tels que les mairies ou les écoles. Tout le reste n’est que blabla destiné à assurer la transition, et notamment régler comment les possessions de l’État destinées à la pratique religieuse sont rétrocédées aux associations cultuelles.

Si cette loi de 1905 parle bien des symboles religieux sur les bâtiments publics, elle ne dit rien en revanche de la tenue des gens dans les susdits bâtiments, qu’ils soient fonctionnaires ou usagers d’ailleurs. Elle ne dit rien non plus des émissions de télé, des visites des hommes politiques à l’étranger ou de comment on doit s’habiller dans la rue.

Alors arrêtez de brandir cette foutue loi à chaque fois que vous tombez sur Le Jour du Seigneur le dimanche matin sur France 2, que le Pape reçoit le Président de la République, qu’une ministre cache ses cheveux lorsqu’elle visite un pays musulman, qu’un voile ou une kippa entre à l’Assemblée Nationale, ou que vous croisez un burkini à la plage.

Le cadavre d’Aristide Briand, qui n’a que trop fait le ventilateur dans sa tombe, vous remercie.

Peut-on critiquer le burkini ?

Maintenant que nous sommes la risée des médias étrangers, maintenant que les photos des policiers municipaux niçois vont alimenter des années de propagande djihadiste, maintenant que les pays anglo-saxons nous donnent des leçons de droits de l’hommisme, je pense que tout le monde a bien compris à quel point les arrêtés visant l’interdiction du burkini étaient d’une stupidité abyssale.

Reste une question, que posent plein de gens qui comprennent bien que l’interdiction est contre-productive et raciste, mais qui quand même, par rapport aux luttes féministes, trouvent que ce vêtement symbolise un retour en arrière inadmissible : peut-on critiquer le burkini ? (Ou le voile, c’est exactement le même problème.)

Oui. On peut.

Mais le terrain est glissant.

D’abord, critiquer les musulmans n’est jamais neutre. Notre pays est de tradition catholique. Les croyants ne sont plus très nombreux, les pratiquants encore moins, mais les valeurs chrétiennes imprègnent notre société. Nos parent, nos grands-parents pour les plus jeunes, ont connu un monde où le curé avait une fonction sociale importante, où l’on suivait les rites de l’église, même si c’était plus par tradition que par conviction : baptêmes, communions, mariages, confessions, etc. Aujourd’hui encore, la moitié des enfants bretons vont dans des écoles catholiques, cent pour cent des enfants alsaciens et mosellans ont des cours de religion à l’école. Et même si l’Église et l’État sont séparés depuis 1905, ce sont néanmoins des idées catholiques qui ont retardé l’IVG jusqu’en 1975 et qui retardent encore aujourd’hui les débats sur l’euthanasie.

Par ailleurs, notre pays a un gros problème systémique avec les musulmans. Contrôles au faciès, discriminations à l’embauche, politiques urbaines calamiteuses dans les quartiers où ils sont le plus nombreux, sur-représentation dans la population carcérale, polémiques médiatiques stigmatisantes sur les menus sans porc dans les cantines ou sur la construction de mosquées, épouvantails politiques pour la moitié des élus… Plus que les individus qui le compose, c’est notre système qui est raciste – et tant que l’État ne le reconnaîtra pas, aucune politique gouvernementale de lutte contre le racisme ne sera crédible.

Je veux en venir au point suivant : critiquer les cathos, c’est critiquer le système, mais critiquer les musulmans, c’est valider le système. Ça n’a pas du tout la même portée. Quand la rédaction de Charlie Hebdo ou Caroline Fourest expliquent qu’ils ne sont pas racistes parce qu’ils attaquent les religions en général et pas seulement l’islam, ils font l’impasse sur cette différence. Une caricature du Pape, c’est politiquement incorrect, une caricature d’un imam, c’est juste une goutte de plus dans le torrent habituel du racisme anti-musulman. Critiquer le burkini, pas de problème, mais vous avez intérêt à avoir des arguments solides et à être très pédagogiques si vous voulez vous démarquer de ce torrent.

Ensuite, en matière d’oppression des femmes, je ne suis pas certain que nous soyons assez irréprochables pour nous permettre de faire la morale à tout le monde. Une collègue me disait : « Tu sais pourquoi les femmes portent des talons aiguilles et un sac à main ? Parce ce que ça nous empêche de courir. Les talons aiguilles et le sac à main, c’est ce que les hommes nous donnent pour nous posséder et qu’on puisse pas s’enfuir. » C’est évidemment une sur-interprétation toute personnelle de l’histoire du vêtement ; mais il est indéniable que nos traditions vestimentaires portent les traces d’une différenciation des rôles sexués. Au-delà de l’habillement, c’est toute notre société qui est phallo-centrée : des femmes nues en 4×3 pour vendre des yaourts aux tristement fameux commentaires sexistes des J.O. de Rio, en passant par la culture du viol et la non-parité aux postes de pouvoir. C’est tellement intégré en nous qu’on n’y fait plus attention, mais faisons cette petite introspection avant d’expliquer doctement aux autres que leurs habitudes vestimentaires sont sexistes.

Je pense aussi que la symbolique originale oppressive des vêtements s’est perdue dans la nuit des temps et que nous commettons une erreur en l’invoquant. Je veux dire que les musulmans français choisissent leurs vêtements comme nous : pour se conformer à une tradition culturelle, parce qu’ils sont pratiques, parce qu’ils se sentent bien dedans, et mille autres raisons du même tonneau, et sûrement pas pour provoquer ou envoyer un message politique. Si vous étiez invité à l’Élysée, vous mettriez un costume cravate parce que les us et coutumes commandent que vous y alliez bien habillé, et dans notre référentiel culturel, être bien habillé, c’est porter un costume et une cravate. Lorsque Latifa Ibn Ziaten est invitée par François Hollande et qu’elle y va avec un voile, c’est exactement la même chose. Elle veut être bien habillée et dans son référentiel culturel, être bien habillée veut dire porter un voile. Il n’y a pas à chercher plus loin que ça.

Pour l’instant.

Essai du Shoei Neotec

J’aimais bien mon vieux Nolan N104, pour plein de raisons : l’axe excentrique de la mâchoire, qui permet à cette dernière de passer loin du visage avant de revenir près du menton se verrouiller, l’excellent contraste de la visière solaire, la largeur du champ de vision, le confort global, l’intégration parfaite de l’intercom… Mais il avait un défaut majeur : son aérodynamique d’armoire normande.

Un casque pas aérodynamique, ça produit du bruit et des turbulences. Je parlais justement de l’intercom ; en pratique, il était inutilisable au-delà de 80 km/h à cause du niveau sonore ambiant. Quant aux turbulences, elles font brinquebaler la tête et tout le haut du corps, surtout quand on double un poids-lourd, ce qui en plus d’être pénible, perturbe la stabilité de la trajectoire.

Avec ma précédente moto, ces inconvénients restaient minimes, je suppose parce que la bulle déviait convenablement le flux d’air au-dessus du casque. Avec la Z1000, ce n’est plus le cas. Mais alors, plus du tout ! En plus, ce vieux casque atteignait la limite des cinq ans. Deux bonnes raisons d'en changer.

J’ai hésité des semaines entre un Schuberth C3, un Shoei Neotec, un Shark Evoline 3, voire, pourquoi ne pas rester chez (une filiale de) Nolan, un X-1003. Après avoir épuisé quelques vendeurs dans quatre ou cinq magasins, après les avoir tous essayés quinze fois, après avoir sondé Twitter, mon choix s’est porté sur le Shoei. (J’ai ensuite hésité pendant des jours et jusqu’à la dernière seconde sur la couleur, mais c’est un autre sujet, je suis sûr que le vendeur m’a déjà pardonné de lui avoir fait retourner sa réserve pour trouver un modèle blanc à ma taille pour finalement choisir le noir…)

Bon alors, ce Shoei Neotec ?

Sur le point qui me gênait le plus, c’est une réussite : l’aérodynamique est bonne, ce qui donne une ambiance sonore bien moins pénible et surtout, plus aucune turbulence. Sur l’autoroute, la moto file sur des rails et je n’ai plus la tête secouée en tous sens dans le sillage des poids-lourds. En fait, j’ai été stupéfait de voir à quel point juste changer de casque pouvait changer le comportement et le confort de toute la moto ! L’insonorisation est honnête, elle filtre bien le bruit du moteur et de la route sans trop atténuer les bruits de la circulation. Autre point positif : l’aération. Elle est efficace et les clapets sont faciles à trouver et à manipuler avec des gros gants.

Rien à dire non plus niveau confort, enfilage en gardant les lunettes, manipulation de la mâchoire, verrouillage de la mentonnière, etc. Tout cela est de très bonne facture, comme on peut s’y attendre sur un casque de cette gamme. Aucun problème de buée non plus, non seulement il y a un écran Pinlock, mais il y a aussi un cache-nez qui dévie vers le bas l’air humide expiré pour éviter qu’il ne frappe la visière.

Autre détail sympathique, le champ de vision me semble plus étendu vers le haut que sur le Nolan. C’est appréciable sur la Z1000 où la position de conduite est légèrement basculée vers l’avant. On peut se pencher un peu sur le réservoir sans trop se casser la nuque pour continuer à voir la route.

Mais j’avais de grandes espérances ! J’attendais la perfection, du coup je suis forcément un peu déçu… Certes l’ambiance sonore est plus agréable qu’avec le N104, mais on m’avait tellement vanté « un des casques les plus silencieux du marché » que je m’attendais à mieux… Et quand les écoutilles d’aération sont ouvertes, il se produit parfois de petits sifflements aérodynamiques.

Petite déception également à propos de la visière solaire. Alors que celle du Nolan magnifiait le contraste, celle-ci le dégrade, comme si on regardait à travers un léger voile. De plus, elle donne une teinte vaguement violette au paysage. Je n’aime pas non plus l’emplacement de la commande, près de l’oreille gauche. (Deux points sur lesquels mon cerveau devrait s’habituer très vite, ceci dit.)

Dernier détail décevant (et surtout bizarre), il est précisé dans la documentation qu’il est interdit de conduire la nuit avec l’écran Pinlock. J’ai un peu cherché et d’après ce que j’ai compris, la réglementation européenne impose pour la conduite nocturne que la visière transmette plus de 80% de la lumière, or la visière du Shoei avec le Pinlock en place transmet tout juste 80%. Franchement, pour si peu, c’est ridicule, surtout que je ne connais pas un seul motard qui va s’amuser à démonter et remonter l’écran sans arrêt. Et puis le remède risque d’être pire que le mal, vu que la légère amélioration en vision nocturne apportée par le démontage du Pinlock sera réduite à néant par l’apparition de buée.

Le regret, c’est que tous ces petits détails ne peuvent se voir qu’après quelques jours d’essais en moto. Donc après achat. Si ça se trouve, le Schuberth qui semblait moins bien dans le magasin était mieux sur route, mais je n’ai aucun moyen de le savoir ! À quand les magasins qui laissent essayer les casques en situation réelle ?

Mauvaise impression

Comme nous avons déménagé (enfin il y a deux ans, mais je ne règle les problèmes qu'au fur et à mesure qu'ils se présentent), nous avons une nouvelle box internet. C'est-à-dire un nouveau routeur avec un nouveau nom et un nouveau mot de passe. Mon imprimante sans fil n'arrive donc plus à s'y connecter. Qu'importe, me dis-je, inconscient de la lutte qui m'attend, il n'y a qu'à la reconfigurer !

Petite revue des différents utilitaires installés sur ma machine dans le répertoire HP. Je ne vois rien qui permette de reconfigurer le mot de passe WiFi de l'imprimante. Petite revue des différents boutons et options en façade de la bête : pas mieux. Imprimante 1 - 0 Virgile.

Il va donc falloir la réinstaller entièrement avec le CD d'origine. Bien évidemment, je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où il se trouve. Je vais donc sur le site HP dans l'espoir de le télécharger. Je tape le nom de mon imprimante, ça m'en trouve trente-sept dont le nom n'a aucun rapport avec ce que j'ai tapé (c'est bien la peine de proposer un moteur de recherche…), je farfouille, je finis par trouver celle qui correspond. Je clique dessus, une page s'ouvre et m'apprend que je suis chanceux, je n'ai pas besoin de télécharger quoi que ce soit, ce modèle est directement pris en charge par Mac OS ! Ah oui. Mais non. Moi je veux télécharger ce foutu CD quand même. Peine perdue, c'est impossible. Imprimante 2 - 0 Virgile.

En désespoir de cause, je pars à la recherche du CD original et finis par le retrouver quelques heures plus tard au fond d'un tiroir. Je l'insère dans ma machine (qui heureusement est assez vieille pour avoir encore un lecteur) et constate qu'il ne permet pas de configurer une imprimante sans l'avoir installée d'abord. La mienne est déjà installée, tant pis, réinstallons par dessus, je ne suis plus à ça près. Si ça se trouve, le logiciel est assez intelligent pour détecter que… Non, je n'ai rien dit, laissez tomber. Ça me demande donc de re-lire le contrat utilisateur pour rien, de re-copier douze mille fichiers pour rien, de re-répondre à un million de questions pour rien. (Non, je ne veux toujours pas que HP m'envoie des offres personalisées. Non, je ne veux toujours pas non plus que HP récupère les statistiques d'utilisation de mon imprimante.) Arrive enfin l'étape tant attendue de configuration réseau ! Je branche le câble USB comme demandé… et le logiciel se plante comme une merde. Je re-fais toute la procédure, pour être re-sûr. Ça re-plante. Imprimante 3 - 0 Virgile.

Retournons chercher de l'aide sur le site HP. Il s'y trouve justement toute une section consacrée aux imprimantes sans fil. Je déchante devant le marketing bullshit de la page, qui détaille certes diverses procédures techniques, mais en précisant bien que certains modèles peuvent se comporter différement, merci de vous reporter à la procédure d'installation originale de votre matériel. La procédure d'installation originale, on parle bien de celle que je ne peux pas télécharger parce qu'il parait que je n'en ai pas besoin, mais qui de toute façon se termine par un crash ?

J'apprends néanmoins qu'il existe une technologie révolutionnaire (ahem) : le WPS. Il suffit d'appuyer sur deux boutons, un sur l'imprimante, un sur le routeur, puis comme par magie, le WiFi se configure tout seul. Exactement ce qu'il me faut ! Pour conjurer le mauvais sort, j'évite de suivre l'astérisque vers la note de bas page qui explique toutes les situations où cette procédure pourrait ne pas fonctionner ; et j'appuie sur le fameux bouton. De l'imprimante. Parce que sur le routeur, de bouton, je n'en vois point. Une rapide recherche Google m'apprend effectivement que la freebox v6 ne supporte pas le protocole WPS et ne possède donc pas le bouton idoine. Imprimante 4 - 0 Virgile.

Quelqu'un connait un bon moine copiste ? C'est un peu plus lent en terme de nombre de pages à la minute, mais je suis sûr qu'en terme d'expérience utilisateur, c'est beaucoup moins éprouvant pour mes nerfs…

Hystérie collective

Comment se fait-il qu’à chaque fois que l’homosexualité est au devant de l’actualité, tout le monde devient hystérique et raconte n’importe quoi ?

Le service de com’ de l’Élysée déclare que l’homosexualité est un choix, une biologiste hétéro nous explique avec condescendance comment fonctionne l’orientation sexuelle et traite de trolls tous les pédés qui essaient de lui faire comprendre qu’elle ne sait pas de quoi elle parle, ceux qui défilaient hier contre nos droits se prennent de sympathie pour les victimes d’Orlando et les gens qui pointent leur indécence se font traiter de petits commissaires politiques et de fascistes, les réseaux sociaux sombrent dans un délire universaliste en pensant que l’homosexualité n’est pas très importante dans cette histoire, puisqu’après tout c’est juste un homo refoulé qui va dans une boite homo pour buter d’autres homos, cependant que les politiques et les éditorialistes assurent le service minimum parce que trop parler d’homosexualité en France c’est faire le jeu du communautarisme, ce qui chez nous est l’équivalent d’invoquer Satan en personne.

Ça me fatigue. La connerie, ça me fatigue tellement.

Et pendant ce temps, un éditorialiste de France Inter nous explique que finalement, si on regarde bien, l’homophobie régresse. Cool, tout va pour le mieux alors ! La société occidentale est tellement homophobe qu’elle engendre des gays qui détestent ce qu’ils découvrent être au point de se suicider dix fois plus que la moyenne, que se tenir par la main dans la rue reste une activité à haut risque, que l’immense majorité des homos ne sont pas « out » sur leur lieu de travail, que « pédé » est l’insulte la plus répandue et que « se faire enculer » est l’expression la plus méprisante dont dispose notre vocabulaire, que des millions de mecs préfèrent vivre malheureux avec une femme et sucer des bites d’inconnus la nuit sur des parkings plutôt que de faire leur coming out, mais circulez y a rien à voir, l’homophobie régresse on vous dit. D’ailleurs, si vous demandez autour de vous, la plupart des gens affirment se foutre de l’orientation sexuelle des autres, c’est bien la preuve que c’est un non-sujet !

C’est tellement un non-sujet que chaque fois qu’un truc impliquant des pédés fait la une de l’actualité, tout le monde ne parle que de ça pendant des jours.

Si ça continue je me casse au Canada. Il paraît qu’ils ont un premier ministre qui hisse un rainbow flag sur le Parlement et qui embauche un ministre Sikh portant le turban sans que ça déclenche une crise identitaire profonde chez la moitié de ses concitoyens. Ça doit être reposant.

De l’eau de là-haut

Le propriétaire d’un terrain est libre de disposer de l’eau de pluie qui s’y déverse. Nous avons donc souhaité récupérer cette eau afin d’alimenter les toilettes de la maison, ainsi que le lave-linge. Il ne s’agit pas de faire des économies, le système ne sera probablement jamais rentabilisé vus les faibles volumes en jeu et vu le coût dérisoire du mètre cube d’eau de ville chez nous. Il s’agit plutôt d’une démarche écologique et aussi, il faut bien le dire, de satisfaire les bricoleurs insatiables que nous sommes !

Quelques calculs pour commencer. D’après les archives météorologiques, il tombe environ 50 mm d’eau par mois dans notre région. Les pentes des gouttières, la disposition des tuyaux de descente et la forme de la maison nous permettent de récupérer facilement l’eau sur la moitié du toit, soit environ 40 m². Il est donc théoriquement possible de collecter 2000 litres par mois. Côté usage, si l’on compte 5 chasses d’eau de 10 litres par jour et 2 machines à laver de 40 litres par semaine, on atteint 1820 litres par mois. Les besoins devraient donc être couverts.

Mais entrons dans le vif du sujet !

L’eau qui descend des gouttières est collectée par des prises sur les tuyaux de descente, puis guidée vers deux citernes en plastique couplées de 310 litres chacune. Attention à installer au moins un des collecteurs de telle sorte que le tuyau de sortie soit horizontal : c’est ce qui permet à l’eau de refouler vers la gouttière puis vers les égouts lorsque les citernes sont pleines, plutôt qu’elles ne débordent par leur couvercle.

C’est le point faible de notre installation. Comme ces citernes sont à l’extérieur, elles sont sensibles au gel ; les températures sont rarement négatives par ici, mais ça peut arriver et il faudra surveiller le système ces jours-là. D’autre part, la contenance est insuffisante pour faire efficacement tampon. Il arrive qu’il pleuve alors que les citernes sont déjà pleines, et inversement, qu’il ne pleuve pas pendant des jours alors que les citernes sont vides. Enfin, ces citernes en plastique ne neutralisent pas l’acidité naturelle de l’eau de pluie. Des parois en béton, un matériau alcalin, auraient été préférables.

L’eau pénètre ensuite dans la maison par une canalisation en PER de 12 mm et descend par gravité vers une seconde cuve de 250 litres, située dans la buanderie à la cave. Cette cuve remplit deux offices : accroitre la capacité de stockage, à l’abri du gel de surcroit, mais aussi assurer automatiquement le relais par l’eau de ville en cas de déficit d’eau de pluie.

Ce relais est obtenu par le truchement de deux robinets à flotteur. Les robinets sont disposés de telle sorte que l’arrivée d’eau de ville soit assez haute pour ne jamais être en contact avec la surface de l’eau de pluie : ceci garantit que l’eau de pluie ne peut jamais être aspirée à l’envers dans le réseau d’eau potable et le contaminer. Outre notre sécurité sanitaire, la présence de cette déconnexion physique entre les réseaux est imposée par la réglementation. Les flotteurs des robinets sont réglés afin que la cuve se remplisse en priorité d’eau de pluie, puis seulement en dernier recours d’eau de ville. Comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, ceci a nécessité une modification assez radicale de l’un des flotteurs…

L’avantage des robinets de chasse d’eau utilisés ici est qu’ils ne coûtent pas cher, se trouvent partout, sont faciles à bricoler pour s’adapter à l’usage voulu. Leur inconvénient est leur faible débit ; un problème aggravé ici par la faible pression due au faible dénivelé entre les cuves intérieures et extérieures. Il faut une bonne dizaine de minutes pour remettre la cuve à niveau après une chasse d’eau, une bonne heure après une machine à laver. Ça fonctionne chez nous, mais pour une famille nombreuse où six personnes tirent la chasse à la suite (au coucher par exemple), il existe un risque de vider entièrement la cuve secondaire et de désamorcer la pompe.

L’eau de la cuve est ensuite aspirée par une pompe et stockée sous pression dans un petit ballon. Une crépine permet de filtrer grossièrement l’eau pour protéger la pompe, tandis qu’un clapet anti-retour permet de maintenir la pression dans le ballon lorsque la pompe ne fonctionne pas. Sans clapet, l’eau refoulerait à l’envers à travers la pompe arrêtée et retournerait dans la cuve. Un capteur déclenche la pompe lorsque la pression dans le ballon chute sous 0,8 bars et l’arrête lorsqu’elle atteint 2,5 bars.

La pompe est fixée sur un support de caoutchouc, lui-même posé au sol sur quatre patins amortisseurs. L’aspiration et le refoulement sont connectés par des tubes souples. C’est que nous avions peur du bruit et des vibrations, surtout en cas de déclenchement en pleine nuit, lorsque quelqu’un tire une chasse d’eau à trois heures du matin. Mais à l’usage, ces précautions se sont avérées surdimensionnées : la pompe est relativement silencieuse et vibre peu.

L’eau de pluie est propre lorsqu’elle tombe du ciel, mais après avoir lessivé le toit puis stagné dans la gouttière avec les feuilles mortes et les déjections aviaires, elle est contaminée lorsqu’elle arrive dans les cuves. Elle doit donc être filtrée avant usage. Nous avons installé deux filtres en sortie de pompe. Le premier est un filtre bobiné 5 μm qui retient les impuretés ; le second est un filtre à charbon actif qui élimine les résidus de matières organiques susceptibles de conférer une mauvaise odeur à l’eau.

À la sortie des filtres, l’eau n’est bien sûr pas potable ; mais elle est largement assez propre pour servir à la chasse d’eau des toilettes et pour faire une lessive. À l’usage, nous avons constaté que le linge lavé à l’eau de pluie présente une odeur de frais moins marquée qu’habituellement. Je ne sais pas si c’est le fait de résidus organiques dans l’eau ou simplement l’absence totale de calcaire qui fait que la lessive et l’assouplissant se comportent différemment d’un point de vue chimique. Il est par contre beaucoup plus souple, moins rêche ; c’est très agréable.

Reste à faire : étiqueter clairement tout le circuit d’eau de pluie comme non potable. C’est une obligation légale, destinée à protéger de tout risque sanitaire un éventuel futur acquéreur de la maison.

Bilan après un peu plus de six mois : une diminution de notre consommation d’eau de ville d’environ 15 m³, soit 80 €. C’est conforme à ce que nous attendions et ça confirme que le système ne sera jamais rentable ! Surtout qu’il faut déduire le prix des consommables (les filtres) et de l’électricité pour faire tourner la pompe. Mais ce n’est pas très grave, ce n’était pas l’objectif.

Erreurs à ne pas refaire et choses apprises :

Exercice de style

Accompagner des pâtes, c'est un exercice de style, des variations sur deux thèmes imposés : produits frais et simplicité. S'il te faut plus de temps pour préparer la sauce des pâtes que pour faire cuire les pâtes, c'est que ta recette est trop compliquée. (Bon, sauf pour la bolognaise, mais parce qu'en vrai c'est pas une sauce, c'est un ragoût, donc ça doit mijoter des heures.)

La base : il te faut une casserole et une poêle. Dans la première, tu mets à bouillir de l'eau salée pour les pâtes. Dans la seconde, tu fais revenir une échalotte émincée dans de l'huile d'olive. De la bonne huile d'olive. Fuis les marques qui essaient de t'en vendre à prix d'or dans des bouteilles ouvragées façon parfum de luxe ; et aussi celles avec une carte de Toscane sur l'étiquette mais si tu regardes bien les petits caractères tu vois qu'elle est cultivée sous serre à Almeria. Prends plutôt celle-là, elle est bonne et pas trop chère. Mot-dièse bobo parisien.

Épluche et émince tes légumes. Ceux que tu veux, c'est ton exercice de style, c'est ta recette, pas la mienne. Disons un ou deux parmi : courgettes, poivrons, aubergines, olives, cœurs d'artichauts, câpres, asperges, tomates séchées… Et hop, dans la poêle avec l'huile chaude et l'échalotte. Sel. Poivre. Petite touche francese : du piment d'Espelette. Couvre et réduis à feu moyen. À ce stade, l'eau doit bouillir ; plonges-y les pâtes et déclenche le minuteur. Pour aider les légumes à cuire sans brûler au fond de la poêle, ajoutes-y régulèrement une demi-louche de l'eau de cuisson des pâtes.

À un moment, il va falloir que tout ça forme une sauce onctueuse qui pénètre dans les trous des penne et des pipe rigate, qui se loge dans les aspérité des farfalle, qui enrobe bien les linguine, qui adhère aux trofie. Sinon, c'est pas un accompagnement pour les pâtes, c'est juste des légumes d'un côté et des pâtes de l'autre. Deux solutions. Soit tu ajoutes à mi-cuisson une ou deux tomates bien juteuses et coupées en petits morceaux, soit tu ajoutes en fin de cuisson du fromage frais italien genre ricotta ou mascarpone. Tout dépend de tes légumes. Par exemple, les courgettes ou les brocolis, ça fonctionne bien avec la ricotta. Les poivrons ou les artichauts, ça fonctionne bien avec la tomate. Faut essayer et ne pas avoir peur d'improviser. Et toujours : un peu d'eau de cuisson des pâtes pour délayer si le résultat n'est pas assez onctueux à ton goût.

Dring ! Les pâtes sont cuites. Tu les égouttes grossièrement, tu les jettes dans la poêle avec les légumes et tu fais sauter trente secondes en mélangeant bien. C'est le moment d'ajouter du basilic ou du persil ciselé. Tu mélanges une dernière fois et c'est prêt. Normalement il ne s'est pas écoulé plus de quinze minutes depuis que tu as commencé.

Buon appetito !