Le livre électronique

Voilà, j’ai craqué, j’ai demandé une liseuse électronique au Père Noël. Comme tous les bibliophiles, je suis un adorateur du livre papier ; mais le livre électronique apporte des avantages que je trouve ridicule de rejeter.

De plus, de même que le cinéma a cessé d’être du théâtre filmé pour devenir un langage artistique à part entière, je suis certain que les possibilités techniques du livre électronique autoriseront un jour des formes nouvelles. On peut imaginer des ouvrages de type « le livre dont vous êtes le héros » bien plus interactifs que ce qui se fait actuellement. On peut imaginer des ouvrages oulipiens de type Cent mille milliards de poèmes bien plus complexes et amusants que ce qu’avait pu faire Queneau avec ses bandelettes de papier. On peut imaginer des ouvrages qui seraient fournis avec des illustrations musicales ou des bruits d’ambiance. Il faut juste que les écrivains s’emparent du média et inventent le langage artistique qui va avec.

Ma seule réserve porte sur le manque de sensation d’avancement dans l’ouvrage. J’aime, avec un livre, voir l’épaisseur de papier augmenter à ma gauche cependant qu’elle diminue à ma droite. J’aime sentir physiquement que j’avance dans ma lecture, j’aime pouvoir quantifier d’un regard ce qui reste à lire. Le livre électronique ne rend pas cette sensation, ou alors de façon superficielle, par un simple pourcentage affiché dans un coin. J’ai peur que ça ne soit pas suffisant. Je verrai bien.